
Le mesureur suprême
- Photo de Vince Fleming sur Unsplash
L’amour de Dieu est un vaste sujet. Pour en exploiter sa profondeur, posons nous une question : Et si le fait de changer nos mesureurs pouvait changer notre manière d’être ? Avant d’aller plus loin, il semble important de définir deux éléments.
Tout d’abord, un mesureur est un ustensile de cuisine qui sert à mesurer une quantité (farine, sucre, etc.). Personnellement, j’utilise la notion de mesureur différemment. Je la définis plutôt comme la référence qui nous permet d’analyser, de juger, de prendre une décision ou d’évaluer le comportement ou les choix de quelqu’un d’autre. Pour illustrer cela, imaginez d’abord que vous accompagniez un ami pour acheter une voiture. Sa priorité est l’esthétique (siège en cuir, couleur, etc.). Par contre, votre priorité est le rapport qualité/prix (consommation, longévité, etc.). Vos priorités (c’est-à-dire vos mesureurs) sont différentes. Ou encore, vous discutez avec un collègue qui ne vit que pour son travail. Il a eu une réunion difficile avec sa direction. Cela l’accable pendant plusieurs jours. Vous ne comprenez pas trop sa réaction ; car le travail n’est pas assez important pour que cela déborde sur votre vie privée. Vos mesureurs étant différents, la manière dont vous allez réagir face à une situation identique sera différente. La manière d’être, ensuite, se définit comme la façon de se comporter, d’agir. C’est l’ensemble des actions visibles et invisibles d’un individu (ses pensées, réactions, attitudes, etc.).
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Une petite astuce pour éviter les incompréhensions lors d’une conversation consiste à toujours essayer de comprendre les définitions de l’autre et vice versa. Cela évitera pas mal de frustration.
Maintenant que l’on a évité les incompréhensions, on peut expliquer la démarche de cet article. Cette question provient de la constatation suivante : notre manière d’être est souvent conditionnée par nos mesureurs qui sont différents pour chacun(e) d’entre nous. Cette différence peut engendrer des divisions, des disputes mais aussi des jugements de notre part ou de la part d’autrui. En fonction de nos mesureurs, nous penserons telle ou telle chose, jugerons tel ou tel acte, etc. :
Bibliquement, on trouve des exemples de cette notion. L’histoire de la femme adultère montre deux groupes de personnes qui ont des mesureurs différents (Jean 8). D’un côté, il y a les pharisiens. Leur référence est la Loi de Moïse qui prévoit la lapidation en cas d’adultère. Leur manière d’être est conditionnée par leur mesureur : la Loi. De l’autre côté, il y a Jésus. Sa priorité est différente car son interprétation de la Loi l’est également. Il considère que la femme adultère mérite ce que nous méritons tous puisque, comme elle, nous avons tous péché. Il prend alors le parti de la grâce en l’aimant et en lui pardonnant son péché. Sa manière d’être va aller à l’encontre des autres car ses mesureurs sont différents.
Un autre exemple concerne le personnage de Zachée (Luc 19) qui est considéré par son entourage comme un « grand » pécheur. Chef des collecteurs d’impôts, il collabore avec les romains en volant les gens. Lorsque Jésus va manger chez lui, peu le comprennent. Les circonstances de la vie de Zachée sont les mesureurs de la foule qui influencent leur manière d’être. A l’inverse, Jésus est conditionné par son amour pour Zachée. Les mesureurs de la foule et ceux de Jésus sont différents.
Alors, je nous repose la question, Et si le fait de changer nos mesureurs pouvait changer notre manière d’être ? Il y a une lecture dans 1 Jean qui peut nous aider à y répondre
1 Jean 3.11-20
Alors, vous avez lu le passage ?! (tu peux le trouver ici : S21)
Il y a trois éléments qui sont intéressants :
Premièrement, Jean considère que le ressentiment des chrétiens envers leurs prochains peut être considéré comme un meurtre. Aïe… ça pique. Ne nous est-il jamais arrivé d’avoir du ressentiment ou de l’amertume contre quelqu’un ? Selon Jean, si tel est notre cas, nous sommes des meurtriers. Personnellement, cela m’est déjà arrivé. Des paroles blessantes, des actes qui étaient mal intentionnés, des calomnies, des accusations fausses ou tout simplement quelqu’un qui n’avait pas le même avis que moi (dont les mesureurs étaient différents en fait) ont contribué au développement d’un certain ressentiment, d’une certaine amertume. J’ai parfois été envahi d’un sentiment de colère ou de haine. J’ai dû apprendre à me maitriser, à digérer les blessures, et enfin à guérir.
Deuxièmement, Jean nous présente un mesureur qui influence sa manière d’être. Ce n’est ni la condition de l’autre, ni la Loi, ni le mérite.
Non, son mesureur est Jésus-Christ.
Personnellement, lorsque je ne parviens pas à pardonner quelqu’un, je me rappelle cela. Lorsque je suis blessé, je me souviens que mon mesureur ne peut plus être mon ressenti ou l’action de l’autre. Non, mon mesureur devient Jésus qui, par son attitude à la Croix, me montre le modèle à imiter. En se sacrifiant pour nous, il s’est humilié, abaissé. En résumé, il nous a aimé afin que son sacrifice et sa personne deviennent notre mesureur parfait pour diriger notre manière d’être.
Troisièmement, Jean ne donne aucune condition lorsqu’il s’agit d’apporter son aide à une autre personne. « Si quelqu’un qui possède les biens de ce monde voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu peut-il demeurer en lui ? » Aïe… ça pique à nouveau.
Les biens de ce monde font référence à deux catégories. La première représente notre disposition mentale qui peut prendre la forme d’un encouragement oral, d’une prière, etc. La seconde fait référence à nos biens financiers, ce que l’on possède, etc. Lorsqu’il s’agit d’aider quelqu’un, nous pouvons soit l’aider moralement (écouter, conseiller, donner son temps) et/ou physiquement (rendre service, donner un coup de main).
Mais, nous pouvons parfois nous laissés influencer dans notre manière d’être. Nos mesureurs ne sont pas toujours ancrés sur l’amour de Christ. On prend alors des décisions qui ne reflètent pas l’amour de Dieu. En effet, qui aurions-nous tendance à aider entre deux personnes dont le besoin est identique mais dont l’une d’entre elles a encore un problème avec la pornographie alors que l’autre s’en est débarrassée ? Comment jugerions-nous le choix de notre leader qui privilégie telle ou telle personne pour la louange alors que vous connaissiez son passé de toxicomane ? Considérerions-nous comme normale, qu’une personne qui a une tendance à voler ou à mentir reçoive une aide financière ? Il appartient à chacun(e) de s’évaluer.
L’apôtre Jean n’a pas écrit que notre prochain devait être irréprochable aux yeux de l’Éternel et aux yeux de l’assemblée pour l’aider. Si nous possédons les biens pour venir en aide à quelqu’un, il n’y a pas de raison valable pour ne pas le faire. Selon Jean, si nous avons les capacités d’encourager quelqu’un et/ou de l’aider financièrement, il faut le faire en vertu d’une seule chose :
L’amour de Christ comme mesureur suprême.
En nous montrant le mesureur suprême de sa vie, Jean nous montre sa manière d’être.
Lorsque je me rends compte que mon comportement n’est pas motivé par ce que l’autre fait, dit, ou pense mais plutôt par ce que Jésus a fait pour moi, tout change.
Si l’amour de Christ manifesté à la Croix devient le mesureur suprême de nos vies, le changement nous attend. Si nous devions évaluer nos vies à partir de ce mesureur suprême, qu’en serait-il ? L’amour que nous avons envers les autres serait-il à la hauteur de l’amour que nous avons reçu en Christ ? Seul vous pouvez répondre à cette question.
Si notre réponse est non, Jean nous encourage à une saine repentance. Si c’est difficile de changer nos mesureurs, cela est compréhensible. J’ai moi-même été blessé par les gens. Encore aujourd’hui, je dois veiller sur mon cœur. Lorsque je suis tenté de revenir en arrière, je me rappelle que j’ai reçu un amour inépuisable, tel un océan de grâce qui se renouvelle tous les matins.
En faisant de Christ le mesureur suprême de ma vie, je peux alors aimer mon prochain à la mesure du don parfait que j’ai reçu.
Et lorsque je n’y arrive pas, je compte sur la grâce de Dieu qui me conduit toujours plus vers le mesureur suprême : Jésus.
Et si le fait de changer nos mesureurs pouvait changer notre manière d’être ?
C’est à vous d’en décider.

Quentin
Quentin est à la fois disciple, mari de Cynthia, papa de Nahele et pasteur en formation ! Son parcours est assez atypique car il rencontre Jésus en Australie à l’âge de 18 ans. Il revient ensuite en Belgique où il étudie la philosophie (bachelier) et la théologie (master). Son parcours de vie l’amène à rechercher personnellement la guérison intérieure, qu’il étudie également de manière générale. C’est tout ce cheminement qui donne à Quentin beaucoup de compassion, d’amour et d’écoute envers celles et ceux qui ont le coeur brisé. Les articles qu’il écrit pour Effet Eden se retrouvent au carrefour de son vécu, de ses études et de son expérience. Professionnellement, Quentin investit une partie de son temps comme bénévole au sein de l'asbl Next Step qui a pour vision d’inspirer, d’encourager et d’équiper les chrétien(ne)s dans leur prochaine étape avec Dieu. Le reste de son temps, Quentin est professeur de religion et de philosophie dans l’enseignement fondamental.

Invité à la table royale

Retour sur le chant "Reckless Love"
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