
Jusqu’à ce que la mort nous sépare
- Photo by Luana Azevedo on Unsplash
J’ai grandi avec un père absent. Ma mère est chrétienne, contrairement à mon père. Ils se sont séparés quand j’avais huit ans, car mon père a trompé ma mère. Pour ces raisons, je ne voulais pas vraiment me marier : Pour moi, il était possible de faire sa vie sans homme ! Adolescente, j’ai donné ma vie à Dieu et ma perspective par rapport au mariage a changé. Je me disais que me marier avec un chrétien était une valeur sûre : il ne me tromperait jamais, nous servirons le Seigneur ensemble ; rien ne pourra nous arriver parce que nous partagerons les mêmes valeurs.
J’ai commencé à fréquenter un chrétien qui, en plus, servait à l’église ; une valeur encore plus sûre ! Nous nous sommes mariées, mais très vite la désillusion a commencé. Je me suis rendu compte qu’être chrétiens, se rendre à l’église ou servir ensemble ne rendaient pas un mariage plus facile. Nous avions des disputes : lorsque je décidais de ne plus lui parler tout de suite après un désaccord, il me suivait dans une pièce de la maison. Il prenait mon téléphone et nous enfermait dans cette pièce jusque à ce que je rompe le silence.
Lors d’une énième dispute, je me suis retrouvée allongée sur le fauteuil. Il était à califourchon sur moi, en train de serrer ses mains autour de mon cou. C’était la première fois qu’il était violent. Je me souviens encore de cette journée : il était en face de moi, en train de m’étrangler et, en un instant, j’étais debout dans la cuisine. Encore maintenant, je ne peux pas expliquer ce qui s’est passé entre ces deux scènes. Il m’a attrapé par les pieds et ma tête a frappé le carrelage. Il m’a traîné vers la porte d’entrée. J’essayais de le raisonner et je le suppliais d’arrêter. Finalement, il m’a lâché. Je me suis recroquevillé contre un meuble, lui disant que j’allais mourir. Il est passé à côté de moi en me disant « T’as qu’à creuver, j’en ai rien à f*** ». Par la suite, mon corps s’est « robotisée ». J’ai préparé mes affaires, car j’avais pris la décision de partir. C’était l’élément de trop que je ne pouvais supporter dans mon couple ! Avant de partir, il m’a demandé de nettoyer le bazar. Ensemble, nous sommes allés chercher ce qui avait été cassé au cours de la dispute. C’est inexplicable, mais je me suis exécutée. Une fois sorti du magasin, il a trouvé les bons mots et j’ai pris la décision de rester.
Je ne souhaitais pas parler de mes soucis de couple. C’est pourquoi je n’ai raconté à personne ce qui s’était passé. Toutefois, mon pasteur constata que je n’allais pas bien. Au cours d’un entretien, j’ai fini par lui raconter ce que je vivais. Mon mari a confirmé mes dires. La suite a été difficile pour moi : mon pasteur ne l’a pas aidé à se remettre en question. Il lui a juste dit de me reconquérir, car son rôle était de me protéger. Cette situation ne l’a pas empêché de continuer son service à l’église, comme si de rien n’était. Je me suis sentie de plus en plus mal, tant à l’église que dans mon être intérieur : si mon mari me traitait de la sorte, qu’est ce que je valais au fond ?
Les années passèrent et, malgré les séquelles qui restaient en moi, j’ai continué ma vie, à sourire aux autres et à servir avec mon mari dans notre église, comme si de rien n’était. Jusqu’à un soir où une nouvelle dispute éclata. Et, en un instant, il me quitta… par téléphone. Je lui ai demandé instinctivement qui était l’autre fille. Il affirma qu’il n’avait besoin de personne pour me quitter, que je ne comblais plus ses besoins et tant d’autres « charmantes » phrases que j’avais déjà l’habitude d’entendre dans nos échanges. Je me suis connecté sur ses réseaux sociaux et j’ai réalisé qu’il avait envoyé toute notre conversation par message à une jeune femme, en terminant par « Chaud avec ma femme, mais je t’aime ».
Waouw !!! Comment vous décrire ce que j’ai ressenti ? Un déchirement, une profonde tristesse, de la colère… Je lui envoie un message pour lui demander des explications, auquel il m’a répondu qu’il revenait dans trois jours à la maison avec des explications. Ce troisième jour, il m’a tout naturellement expliqué qu’il avait rencontré une autre femme. Il m’a annoncé que je devais quitter la maison et qu’il allait demander le divorce. En quelques jours, j’avais tout perdu… Mon mari, mon logement, mon ministère à l’église avec lui, etc.
Là où tu fixes tes yeux va déterminer la manière dont tu perçois Dieu.
Les jours suivant, j’en ai voulu à Dieu « Comment Toi Seigneur qui sait les choses d’avance tu as pu laisser faire ça ? » Dans des moments pareils, je pense que là où tu fixes tes yeux va déterminer la manière dont tu perçois Dieu. Je fixais mes regards sur mon épreuve : j’en voulais à Dieu, vu qu’il savait toute chose. Lorsque j’ai commencé à me concentrer sur Dieu, je lui ai laissé l’occasion de venir me trouver. J’étais ouverte à l’écouter. Un peu comme quand tu boudes sur quelqu’un et ensuite, tu te dis « Bon, on va quand même écouter ce qu’il a à dire » alors que t’es fâché !
En repassant du temps avec Dieu, j’ai appris à le connaître de plus en plus et je me suis demandé « Comment un Dieu si bon pouvait être le méchant de mon histoire ». Sa vérité venait s’ancrer de plus en plus en moi. De plus, il continuait à prendre soin de moi : trouver un logement, donner la force de me lever chaque matin, continuer à vivre, me remplir de sa paix quand je craquais, etc. Par exemple, parfois, au boulot, lorsque je sentais que j’allais craquer, j’allais aux toilettes. Je lui demandais de prendre mon fardeau, de m’alléger et de me donner la force d’avancer. C’était incroyable comment, en quelques minutes, il me rendait plus forte. Au cours de ces moments-là, j’ai vraiment senti Dieu me porter à chaque instant. Je savais que cette force n’était pas possible humainement, qu’elle ne venait pas de moi.
Mon histoire que je souhaitais garder cachée à cause de la honte est devenue un témoignage de restauration en Dieu.
J’avais également honte de me retrouver dans une assemblée où les gens qui connaissaient mon histoire m’auraient directement cataloguée comme « la divorcée ». Toutefois, le Seigneur est venu prendre ma honte ! À présent, je marche avec assurance parce que je marche avec lui ! Au lieu de focaliser sur les regards de jugements que je pouvais parfois observer à mon égard, j’ai décidé de regarder à Dieu, celui qui enlève ma honte et me sanctifie quand les gens me condamnent. Mon histoire que je souhaitais garder cachée à cause de la honte est devenue un témoignage de restauration en Dieu.
Aujourd’hui, j’ai une relation avec Dieu comme je n’ai jamais eu auparavant. Avant cette épreuve, c’était ma vie avec Dieu : je priais, je chantais, j’allais à l’église et je le faisais sincèrement de tout mon cœur. Cependant, j’avais également une autre vie sur le côté. Depuis cette épreuve, ma vie, c’est Dieu tout simplement ! Je veux être là où il veut que je sois, faire ce qu’il veut que je fasse… Juste être un instrument entre ses mains ! En le découvrant encore plus jour après jour, je découvre que je suis aussi, ce qu’il a placé en moi et ce qu’il désire que je fasse sur cette terre !
>>> En quelques mots, quel conseil donnerais-tu as une personne avant de se marier ?
L’amour n’est pas qu’une question de sentiment, c’est un choix avant tout ! N’oublions pas que nous n’allons pas passer notre vie avec un corps, mais avec une personne. Le physique est éphémère. Les sentiments peuvent varier… Lorsque nous décidons de nous marier avec une personne en fonction de nos sentiments, nous remettrons notre couple en question quand ça ira mal. Or, lorsque nous décidons de nous marier avec une personne que nous choisissons d’aimer, nous apprenons au fur et à mesure à traverser les moments difficiles ensemble et à faire en sorte que ça marche !
Aussi, ce n’est pas parce que Dieu a ” validé ” la relation que tout ira bien. Bien évidemment, Dieu fait sa part, mais nous devons également faire la nôtre : nous devons aimer quotidiennement notre conjoint. L’amour, ça s’entretient.
L’amour n’est pas qu’une question de sentiment, c’est un choix avant tout !
Un dernier conseil : c’est vraiment important de choisir une personne en bonne santé spirituelle et qui est guéri émotionnellement. Sinon, la personne peut amener des lacunes dans le mariage. Et vice/versa, la personne qui désire se marier pour être plus heureuse sera déçue. Notre conjoint n’est pas là pour nous combler. Seul Dieu en est capable.

Effet Eden
Effet Eden est la voix de l'anonymat. Les témoignages que nous partageons peuvent être inconfortables et/ou affectés des personnes autres que l'auteur. Pour cette raison, nous avons décidé de dissimuler l'identité de toutes les personnes qui nous confient leur histoire.

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Un commentaire
Tracy
Quel témoignage bouleversant 🥺! Que Dieu bénisse cette femme