
Et toi, comment définirais-tu l’amitié ?
Qu’est-ce que l’amitié ? Certain.e.s ne se sont jamais posé la question alors que d’autres en ont une définition très restreinte. Le dictionnaire la définit comme un « sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur la parenté ni sur l’attrait sexuel ». Et toi, comment définirais-tu l’amitié ?
Le contenu de cet article est le fruit d’une réflexion personnelle qui date de quelques années. Il semble que ce soit le bon moment pour la partager et ainsi continuer ensemble à réfléchir sur ce qu’est l’amitié et ce qu’elle n’est pas. Cette lecture peut toucher des points sensibles sur le plan personnel car cela a trait aux relations. Chez certain(e)s, il se pourrait qu’il y ait une prise de conscience ; voire, pour d’autres, une remise en question saine de la manière dont nous comprenons et vivons nos amitiés. Tout cela est normal et fait partie du processus de croissance.
Blaise Pascal, un philosophe français et disciple de Jésus, a dit :
Il y a dans le cœur de l’homme [et de la femme] un vide en forme de Dieu.
Il avait raison. Nous avons tous été créés avec ce besoin vital d’entrer en relation ! Dieu a prévu que ce vide soit rempli au travers de Jésus-Christ ! Dans cette vision, la relation que nous avons personnellement avec Son Fils est suffisante pour combler ce besoin vital. À partir du moment où nous croyons en Jésus, c’est-à-dire lorsque nous avons une relation personnelle et intime avec Lui, alors « des fleuves d’eau vive » (Jean 7 :38) commencent à couler de notre cœur jusqu’à « déborder d’amour les uns envers les autres » (1 Thessaloniciens 3 :12).
Cela signifie que :
Nos ami.e.s sont au bénéfice l’amour qui déborde de notre relation personnelle avec Jésus-Christ !
Malheureusement, le péché a déformé le plan parfait de Dieu ! La relation avec Jésus est passée d’essentielle à optionnelle. Les ami(e)s ont souvent pris la place du Fils de Dieu en remplissant tant bien que mal le vide émotionnel qui habite chaque personne. Plutôt que de satisfaire notre besoin vital en entrant en relation avec Jésus, nous le comblons avec des gars et des filles qui nous entourent. Comme le dit Leslie Vernick, il est bien évident que « la plupart des gens veulent être aimés et appréciés par les autres » et cela est normal ! « Mais quand tout notre bien-être dépend de l’amitié, de l’appréciation, de l’acceptation ou de l’estime d’une personne ou d’un groupe en particulier, c’est qu’on a laissé une dépendance malsaine s’installer ».
Aïe… ça pique. On peut se poser la question :
Mon bien-être dépend-il d’une amitié ?
C’est une question difficile qui demande recul et honnêteté. Sachez que vous n’êtes pas seul. J’ai moi-même eu de telles relations que je croyais pourtant saines et normales. Je ne me rendais pas compte qu’il y avait un problème. Pour être honnête, je ne comprenais même pas de quoi on me parlait…
Se demander ce qu’est l’amitié et ce qu’elle n’est pas peut faire peur. C’est pourtant ce que nous allons essayer de faire en prenant l’exemple de l’amitié entre Jonathan et David (voir 1-2 Samuel), souvent considérée comme un modèle. Il y a effectivement des caractéristiques qui nous aident à comprendre ce qu’est une amitié saine mais il y a aussi d’autres aspects qui peuvent révéler un dysfonctionnement. Examinons d’abord deux indices qui indiquent la bonne santé de leur amitié.
Dieu est au centre. On découvre que « Jonathan dit à David […] Que l’Éternel soit à jamais entre moi et toi, entre ma postérité et ta postérité ! » (1 Samuel 20 :42). Ils ont clairement mis Dieu au centre de leur amitié. Mais faut-il pour autant rompre une amitié qui n’a pas Dieu pour centre ? Certainement pas. Si nous sommes en relation avec Dieu au travers de Son Fils, qui ne partage pas la même foi que nous devrait pouvoir en profiter (cela est aussi vrai pour les personnes ayant la même foi).
#FreeTips
Attention de rester honnête et de ne pas mettre Dieu là où il n’est pas présent. Si des ami(e)s nous encouragent ou nous entrainent dans le péché, il est préférable de s’en écarter. Car même si nous partageons notre foi avec eux autour d’un joint ou lorsque nous sommes complètement bourrés, cela ne signifie pas que « Dieu soit au centre », il ne l’est pas.
Les ami(e)s chercheront à s’élever mutuellement. Saviez-vous que Jonathan était l’héritier du trône d’Israël par son père alors que David ne faisait pas partie de la famille ? Pourtant, Dieu l’a choisi pour devenir roi et Jonathan a décidé d’élever son ami pour qu’il atteigne les plans de Dieu pour sa vie. Avez-vous déjà été dans cette position où Dieu semblait avoir mieux pour votre ami(e) que pour vous ? Comment réagir lorsqu’à l’image de Jonathan, nous devons abandonner nos droits pour permettre à notre ami(e) d’arriver là où Dieu le/la veut ? Lorsque vous voulez intégrer la louange comme chanteur ou avoir le prochain poste à responsabilités dans votre entreprise et que c’est votre ami(e) qui y accède (à l’un ou à l’autre), allez-vous lui mettre des bâtons dans les roues ou bien allez-vous l’aider en l’élevant ?
Si ces deux indices montrent une amitié en bonne santé, il y a toutefois deux éléments qui posent question. N’y aurait pas quelque chose qui puisse indiquer une dépendance émotionnelle entre les deux amis ?
Un premier élément indique que leur amitié est exclusive. En effet, « Jonathan s’attacha à [David]. Jonathan aima David comme lui-même […] Jonathan fit alliance avec David, parce qu’il l’aimait comme lui-même » (1 Samuel 18:1,3). Il y a tout de même quelque chose d’assez étonnant au sein de leur amitié, ce qui fait dirent à certain(e)s que Jonathan et David entretenait une relation homosexuelle. Le texte ne permet pas une telle conclusion. En effet, une étude plus approfondie de l’hébreu (la langue originale du texte) montre que le choix des mots aurait dû être différent s’il s’agissait d’une telle relation. Ce qui permet une réflexion en revanche, c’est la place importante que Jonathan donne à David dans sa vie. On dirait qu’il y a quelque chose de dysfonctionnel car les besoins émotionnels de Jonathan semblent avoir été confiés à David plus qu’à Dieu. On sait que Saül (le père de Jonathan) n’était ni le plus aimant des pères, ni le plus attentionné. Aux côtés de David (connu comme l’homme selon le cœur de Dieu), Jonathan a dû se sentir aimé, reconnu, valorisé… Jonathan comblerait-il par quelqu’un d’autre un vide que seul Dieu peut remplir ?
ATTENTION !
Une personne ne peut détenir à elle seule la clef de notre existence !
Enlever une de nos amitiés ne devrait pas engendrer notre effondrement social et affectif. Une amitié ne doit pas être exclusive pour être profonde. Il faut apprendre à gérer l’intensité de nos amitiés, ce qui nous amène au deuxième élément qui pose question.
L’intensité émotionnelle semble être le moteur de leur amitié. Ils vivent tant de péripéties, avec des pics d’émotions si fortes, qu’il y a une intensité peu commune dans leur relation. Cela n’est pas problématique en soi, mais si la force des émotions vécues est, ou devient, le moteur d’une amitié, cela peut conduire à un dysfonctionnement. David dit d’ailleurs lors des funérailles de Jonathan qu’il « faisait tout [son] plaisir » et que « [son] amour pour [lui] était merveilleux, supérieur à l’amour des femmes » (2 Samuel 1 :26). C’est une chose que la relation entre David et les femmes soit dysfonctionnelle, on le sait, c’en est une autre de considérer l’amour d’un homme comme supérieur à celui des femmes, Dieu n’avait pas prévu cela ainsi. L’intensité émotionnelle qu’ils ont vécue a contrarié ce que Dieu avait prévu car ce n’est pas l’amour d’un ami qui devrait être supérieur à l’amour de notre partenaire au sein du mariage mais bien l’amour que Dieu a envers nous !
Eh bien ! Quelle lecture ! Ces quatre éléments suscitent la réflexion ! Qu’en pensez-vous d’ailleurs ? Comment réagissez-vous ? A la lumière de cette analyse, comment définiriez-vous l’amitié ? Des points sensibles ont-ils été touchés ? Y a-t-il eu une prise de conscience, voire une remise en question ? Peut-être vous faut-il un peu de recul ? Toutefois, il n’y a pas de point final ou une conclusion toute faite, cet article nous invite à une réflexion personnelle sur l’amitié.
N’hésitez pas à réagir et à entrer en contact pour continuer la discussion.
Pour aller + loin
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- Un livre : Leslie Vernick, Les relations destructrices
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Quentin
Quentin est à la fois disciple, mari de Cynthia, papa de Nahele et pasteur en formation ! Son parcours est assez atypique car il rencontre Jésus en Australie à l’âge de 18 ans. Il revient ensuite en Belgique où il étudie la philosophie (bachelier) et la théologie (master). Son parcours de vie l’amène à rechercher personnellement la guérison intérieure, qu’il étudie également de manière générale. C’est tout ce cheminement qui donne à Quentin beaucoup de compassion, d’amour et d’écoute envers celles et ceux qui ont le coeur brisé. Les articles qu’il écrit pour Effet Eden se retrouvent au carrefour de son vécu, de ses études et de son expérience. Professionnellement, Quentin investit une partie de son temps comme bénévole au sein de l'asbl Next Step qui a pour vision d’inspirer, d’encourager et d’équiper les chrétien(ne)s dans leur prochaine étape avec Dieu. Le reste de son temps, Quentin est professeur de religion et de philosophie dans l’enseignement fondamental.

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