Au cœur de ma déception

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La déception est un sentiment tellement difficile. Tu t’attends à un résultat mais la vie te conduit dans une autre direction. Tu sembles aller bien de l’extérieur mais au fond de toi-même, tu sais que ce n’est qu’une apparence. Tu es brisé de l’intérieur, au point de ne même plus reconnaître les morceaux qui sont pourtant des parties de ta propre existence.

Ton être entier a été bouleversé à cause de ce sentiment d’incertitude qui occupe de plus en plus tes pensées. Tu crois en Dieu, tu sais qu’il a ton futur entre ses mains et pourtant, tu es déstabilisé par l’écart qui existe entre tes propres attentes et ta vie actuelle.

Tu essayes, seul, de ramasser les morceaux de ta vie, en espérant que, par grâce (pour ne pas dire magie), tout va s’arranger en un instant. Mais, en réalité, tu es blessé, bien plus profondément que tu ne souhaites l’admettre. Tu es frustré, en colère contre les circonstances, une personne, toi-même ou même contre Dieu.

Je me souviens avoir écrit le squelette de ces phrases suite à une accumulation de déceptions. En un instant, le monde que je m’étais imaginé s’est écroulé. J’aimerais oublier ce douloureux sentiment, effacer la tristesse et la colère de cette saison de ma vie. Pourtant, c’est une éprouvante réalité que de tels moments forgent ma relation avec Dieu. Ils sont fondateurs de ma foi en lui.

La déception survient à la suite d’un échec ou d’une insatisfaction. Les attentes dans lesquelles nous plaçons tout notre espoir ne sont pas rencontrées. Dans ce genre de moment, notre foi est défiée. La foi est la ferme assurance des choses qu’on espère, la démonstration des choses qu’on ne voit pas (heb 11.1). Parfois, ne voyant pas les choses espérées se manifester, une bataille commence au fond de notre être, entre le doute et la persévérance dans une foi qui semble si instable à ce moment.

Il y a de nombreuses raisons d’être déçu : un test de grossesse encore négatif, la rupture d’un engagement avec celui ou celle avec qui tu te voyais passer le reste de ta vie, une réponse négative à la candidature pour le poste de tes rêves, le sentiment de tristesse qui persiste alors que tu pensais que tu serais enfin heureux après toutes les épreuves traversées, l’amertume liée à la pensée qu’à cette étape de ta vie, ton quotidien serait différent, etc. Tant de raisons pour dire à Dieu ou à soi-même : « Ce n’est pas la vie à laquelle je m’attendais, ce n’est pas supposé être comme ça. »

Nous louons Dieu quand notre normal ressemble à ce que nous espérions. Nous questionnons Dieu lorsque ce n’est pas le cas. Et nous nous éloignons de lui lorsque nous soupçonnons que Dieu est celui qui a détruit l’espoir qui nous maintenait en vie.
Lysa Terkeust

Quand tout va mal suite à l’échec, je suis déçue de Dieu ; déçue que, dans sa toute puissance, il n’intervienne pas. La déception est un filtre qui nous empêche de voir clairement la vérité, à savoir que Dieu est bon et fidèle. Nos attentes deviennent nos maîtres, voire nos idoles. Toutefois, nous devons nous attacher à cette vérité même si la vie espérée ne se matérialise pas.

Ce matin, envahie par ma frustration, j’ai pensé à Elie. Dans sa génération, lui seul était resté fidèle à Dieu. Il s’était dressé contre la royauté et les prophètes de dieux païens pour démontrer la présence et la puissance de Dieu. Il avait choisi de croire en la folie de Dieu plutôt qu’en la « sagesse » de sa génération. Et, Dieu avait été bon et fidèle. Mais, suite à son triomphe, la reine vaincue décida de le mettre à mort. Sans force, désespéré, abattu, épuisé, Elie s’enfuit, se réfugia dans un désert et demanda la mort à Dieu. (cf. 1 Roi 18-19)

« C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends-moi la vie » dit Elie

Après avoir cru, obéi, vu et expérimenté des miracles, Elie est épuisé. Suite au triomphe, il semble à présent déstabilisé par les circonstances. Je me retrouve tellement en lui. La marche avec Dieu est agréable aussi longtemps que nous voyons l’accomplissement de nos attentes. Nous proclamons la bonté et la fidélité de Dieu suite à nos victoires. Mais, sans nous avertir, la vie prend un autre tournant. Nous nous retrouvons comme Elie, fatigués, épuisés, déçus car notre marche avec Dieu n’est pas aussi facile que nous l’avions espéré.

« C’est assez ! »

Ce sont les mots qui me viennent à l’esprit pour crier ma douleur et ma peine à Dieu. Enveloppée par ce sentiment de déception, d’incompréhension et de colère vis-à-vis de Dieu, mon âme fatiguée a envie de tout abandonner, d’arrêter ma course avec Dieu et de reprendre le contrôle de ma vie.

Alors que ce sentiment de déception m’engloutit et m’enferme dans un cachot, imperméable à la présence de Dieu, je dois m’efforcer à croire que Dieu est bon et fidèle.

Dans mon désespoir, Dieu reste bon et fidèle.

Dans ton attente, ta frustration, ton incompréhension, Dieu reste bon et fidèle.

Car Dieu ne change pas. C’est sa nature. Son caractère ne change pas en fonction des circonstances. Il a été bon et fidèle dans le passé, l’est encore aujourd’hui et le sera pour chaque jour de nos vies. Ce Dieu en qui Elie a mis sa confiance des siècles plus tôt reste le même Dieu dans ta vie actuellement.

Dieu qui était bon et fidèle lorsque la promesse était accomplie reste ce même Dieu bon et fidèle lorsque nous sommes déçus par son apparente absence, son manque de puissance ou d’intérêt face à notre situation. Il est plus facile de proclamer la bonté de Dieu d’une place de victoire que d’une place de désespoir. Cependant, comme le proclame le psalmiste :

Il est plus facile de proclamer la bonté de Dieu d’une place de victoire que d’une place de désespoir

Acclamez le Seigneur, vous toutes les nations, chantez ses louanges, vous tous les peuples, car sa bonté pour nous est la plus forte. La fidélité du Seigneur est éternelle. Alléluia, vive le Seigneur !

Psaume 117.1-2 (FC)

Comme Elie, les circonstances externes peuvent nous déstabiliser dans notre marche chrétienne, nous faire douter de la bonté et de la fidélité de Dieu. Au contraire, alors qu’Elie désespère, Dieu vient le secourir. Il ne change ni sa situation, ni ses circonstances. Mais, il lui donne la force nécessaire pour continuer sa marche et être touché à nouveau par sa grâce.

Nous pensons à tort que la fin de nos tourments est l’accomplissement de ce que nous attendons. Dieu fonctionne autrement. Dans nos tourments, il nous rappele qui il est, de même que sa bonté et sa fidélité. À chaque doute, j’ai besoin d’un peu plus de foi. Les victoires passées deviennent des socles solides sur laquelle notre foi peut se (re-)construire en prévision de la prochaine tempête. Ces moments de déception façonnent notre foi et nous réorientent auprès du véritable Dieu, dépourvu des attentes que nous avons placé sur ses épaules.

En entrant dans son temple, acclamez-le ; dans la cour intérieure, exprimez vos louanges. Louez le Seigneur, remerciez-le d’être votre Dieu. Oui, le Seigneur est bon, et son amour n’a pas de fin ; de siècle en siècle il reste fidèle.

Psaume 100.4-5 (FC)

Alors, je m’efforce à croire sa parole, même si les doutes essayent de s’élever contre celle-ci.

Je choisis de croire en Dieu et de remplacer les mensonges ancrés dans mon esprit contre la vérité de qui Il est.

J’abandonne mon désir de contrôle pour m’abandonner en lui.

Je peux ressentir de la déception. Toutefois, je ne peux pas laisser ce sentiment me contrôler. Je dois me décentrer de moi-même, regarder avec une perspective d’éternité et avoir confiance en Dieu, en sa bonté, en sa fidélité et me souvenir que ses plans sont meilleurs que les miens, même si je ne le comprends pas toujours.

Car Dieu sait ce qu’il fait avec ma vie.

Aujourd’hui, je n’écris pas à partir de la victoire. J’ai encore du mal à me détacher de mes attentes. Mais, je veux nous rappeler, pour nous qui sommes actuellement déçus, que nous pouvons accepter l’incertitude de la saison et, dès à présent, proclamer la bonté et la fidélité de Dieu.