As-tu pris soin de toi récemment ?
Et si nous débutions par une constatation : il semble que nous ayons confondu le combat contre notre égoïsme avec le fait de prendre soin de nous-mêmes. À force d’enseigner la mort à soi-même, les chrétiens ont parfois tendance à confondre certaines notions entre elles. En témoignent peut-être les réponses que nous donnons à ces quelques questions que je nous encourage à méditer personnellement :
- Un pasteur doit-il répondre aux besoins des autres 24h./24 et 7j./7 ? Peut-il couper son téléphone de temps à autre et/ou ne pas être disponible pendant 24 heures, voire partir en vacances ?
- Doit-on attendre d’un.e chrétien.ne engagé.e qu’il/elle consacre tout son temps libre à l’Église ? Peut-on concevoir que cette personne choisisse de regarder Netflix ou de jouer à un jeu vidéo plutôt que de lire sa Bible ?
- Quelqu’un qui est en recherche du Seigneur peut-il choisir un repas en famille plutôt qu’une réunion à l’église ? Sera-t-il vu différemment s’il n’assiste pas au culte hebdomadaire, à la réunion de prière, ou à l’évangélisation ?
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Il est toujours intéressant de revenir aux fondements des choses pour comprendre de quoi il s’agit réellement. Parfois, nous basons nos croyances sur des définitions ou pratiques erronées pouvant engendrer des déséquilibres dans notre foi.
Dans notre cas, la définition de l’égoïsme nous apprend qu’il s’agit d’une attitude ou conduite de celui qui, le plus souvent consciemment, ne se préoccupe que de son intérêt ou de son plaisir propre au détriment ou au mépris de celui d’autrui.
Il est évident que le combat contre une telle attitude est bien légitime. En effet, les paroles de Paul ne sont-elles pas assez claires lorsqu’il dit « que personne ne recherche son propre intérêt… » (1 Corinthiens 10 :24, 13 :5) ou encore lorsque Jésus enseigne que nous devons renoncer à nous-mêmes pour se charger de notre croix (Marc 8 :34) ? Il s’agit en effet ici, d’un appel à combattre la tendance égoïste de l’être humain. Mais… Il me semble que nous ayons parfois confondu l’égoïsme avec le fait de prendre soin de soi-même.
Dans un monde toujours plus rapide, où l’urgence remplace parfois le nécessaire et où les besoins dictent notre agenda, il est temps d’apporter de l’équilibre dans nos vies. Le problème avec des phrases telles que « prends soin de toi », « tu devrais te reposer », « il faut penser à toi », c’est qu’elles ont trop souvent été associées au bonheur consumériste et, pour les chrétiens que nous sommes, a un message anti-biblique. Après tout, ne devons-nous pas fuir les choses de ce monde ?
Si l’ennemi veut effectivement nous distraire avec ces « choses », il n’en reste pas moins vrai que si nous voulons aimer notre prochain, nous devons d’abord nous aimer nous-mêmes. Hein ?! Quel est le rapport avec ce dont nous discutons ?! En fait, pour prendre soin de l’autre et pour aimer l’autre, nous devons d’abord prendre soin de nous-mêmes et nous aimer… Pas fan de ce message ?! Un peu trop humaniste à votre goût ?! C’est pourtant l’un des commandements les plus importants selon Jésus :
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Lorsqu’on lit un verset de la Bible, il est toujours intéressant de lire ce qu’il y a avant et ce qu’il y a après. Si on souhaite n’utiliser qu’une partie d’un verset, il faut d’abord s’assurer que ce qu’il y a autour n’enlève ou ne rajoute rien à la compréhension du texte utilisé. Cela évitera de faire du Pick&Choose [c’est-à-dire de trier et de choisir ce que l’on veut retenir de la Bible ou pas].
J’ai mis en évidence le comme toi-même car, la plupart du temps, nous avons tendance à zapper cette partie du verset. On veut bien aimer, on veut bien aider, servir, donner de notre temps, de notre énergie… mais on ne veut pas comprendre ce principe du Royaume qui consiste au fait de prendre soin de soi-même avant et/ou pour prendre soin des autres.
Dis-moi comment tu prends soin de toi et je te dirai comment tu prendras soin des autres
En fait, le comme est une conjonction de comparaison. Cela signifie que la manière dont je prends soin de moi doit être le modèle de comparaison qui permettra de prédire la manière dont je prendrai soin des autres… Aïe, ça pique, hein !?
Petite question pour toi qui lit cet article…
À quand remonte la dernière fois où tu as pris soin de toi ?
Pour t’aider à répondre à cette question, n’oublie pas d’y enlever tes besoins de base qui sont la nourriture, le sommeil, les relations, etc. N’oublie pas non plus de ne pas y inclure le massage planifié pour la semaine prochaine, ou le rendez-vous chez le coiffeur ou la manucure, etc. Il n’est pas question non plus de penser aux temps passés dans la Parole, la louange, ou la prière… Non, prendre soin de soi-même signifie plus que cela…
Whaaaaat ?! Si prendre soin de moi-même ne consiste pas en cela… alors, qu’est-ce que cela signifie au juste de « prendre soin de soi-même » ? En fait, justement, c’est là que c’est important de réfléchir à nouveau sur cette notion. Si tout ce que nous venons de citer participe du soin à soi-même, le fait de prendre soin de soi va bien au-delà de cela ! En réalité, prendre soin de soi ne consiste pas en des étapes. Il ne s’agit pas d’une méthode miracle en 7 étapes !
Pour nous accompagner dans notre démarche, on va faire appel aux paroles d’une coach travaillant dans le séculier. Elle s’appelle Julie Katz. Je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit mais son approche de la question peut nous faire avancer sur notre chemin. Elle explique que,
« Prendre soin de soi, c’est être en permanence à l’écoute de ses besoins. Respecter et honorer ces derniers. Veiller activement sur sa santé physique, mentale et émotionnelle et consulter dès les premiers symptômes. Avoir un mode de vie sain. Se reposer lorsque l’on en a besoin, sans culpabiliser. Ne pas laisser la maladie ou le stress s’installer. C’est apprendre à se connaître, à identifier ses schémas de fonctionnement, à accepter et respecter sa nature pour s’appuyer sur elle au lieu de forcer contre ou de résister. Préserver son énergie et son équilibre. Comprendre ce qui nous prend de l’énergie et ce qui nous en donne, et faire des activités qui nous ressourcent de manière régulière, et pas uniquement lorsque l’on n’a plus le choix. Prendre soin de soi est un acte volontaire, un choix de vie. C’est décider en conscience de cesser d’agir en mode “pompier”, et faire en sorte d’éviter l’incendie plutôt que de l’éteindre une fois qu’il s’est déclaré. Cela revient parfois à faire des choix courageux, ou vulnérables, à sortir de sa zone de confort, à frustrer son égo. C’est loin d’être une pratique égoïste, c’est au contraire une pratique essentielle pour être bien avec soi-même mais aussi avec les autres.
Pfiouu… ça, c’est de la pépite, n’est-ce pas ?! À méditer peut-être…
En résumé, pour nous chrétiens,
Prendre soin de soi-même, c’est répondre à l’appel de Jésus
Lisons ensemble Marc 6 :31a
Jésus leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu. »
Bien que les disciples soient occupés à nourrir plus de 5000 personnes, Jésus les encourage à se retirer pour se reposer, prendre soin d’eux-mêmes, s’écouter, répondre à leurs besoins afin de mieux servir les autres sur la distance ! Là où l’égoïsme se pratique au détriment ou au mépris des autres, prendre soin de soi-même se fait au bénéfice des autres.
Alors, après la lecture de cet article, je t’invite à te poser cette question : « comment peux-tu prendre soin de toi-même ? » Alors, chacun(e) viendra avec une solution bien personnelle mais, je prie qu’après avoir médité sur ces mots, [tout-un-] chacun aura un peu plus conscience de ce que cela signifie, [de] prendre soin de soi-même et surtout, des raisons pour lesquelles nous le faisons.
Photo de Tobias Tullius sur Unsplash
Quentin
Quentin est à la fois disciple, mari de Cynthia, papa de Nahele et pasteur en formation ! Son parcours est assez atypique car il rencontre Jésus en Australie à l’âge de 18 ans. Il revient ensuite en Belgique où il étudie la philosophie (bachelier) et la théologie (master). Son parcours de vie l’amène à rechercher personnellement la guérison intérieure, qu’il étudie également de manière générale. C’est tout ce cheminement qui donne à Quentin beaucoup de compassion, d’amour et d’écoute envers celles et ceux qui ont le coeur brisé. Les articles qu’il écrit pour Effet Eden se retrouvent au carrefour de son vécu, de ses études et de son expérience. Professionnellement, Quentin investit une partie de son temps comme bénévole au sein de l'asbl Next Step qui a pour vision d’inspirer, d’encourager et d’équiper les chrétien(ne)s dans leur prochaine étape avec Dieu. Le reste de son temps, Quentin est professeur de religion et de philosophie dans l’enseignement fondamental.
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