Amitié : Follow me, Be My Friend !

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De mon temps, on disait souvent : « Les amis se comptent sur les doigts d’une main ». Personnellement, cette phrase a toujours du sens dans ma vie, et j’ose imaginer qu’elle doit également raisonner chez d’autres personnes de ma génération. Mais je me demande quel sens elle peut encore avoir dans l’esprit des jeunes du 3ème millénaire.

Notre sociabilité se définie par l’ensemble des interactions sociales que nous parvenons à développer dans notre quotidien. Selon Mark Granovetter, sociologue américain des années 70, elle se compose de liens « forts », ceux que nous construisons avec nos proches et qui s’appuient sur une confiance et un respect réciproque, et de liens « faibles », que nous entretenons avec de nouvelles personnes, dites des « connaissances », mais qui n’impliquent pas un niveau d’engagement aussi soutenu. Chaque individu a besoin de créer et d’entretenir ces deux types de liens dans sa vie. L’un comme l’autre sont considérés comme indispensables au bon développement social de chacun.

Les personnes avec qui nous créons ces « liens forts » sont généralement issues de notre famille, proche ou élargie, ou des amis que nous connaissons de longue date et avec qui nous partageons plus que de vieux souvenirs. En réalité, ce type de relations, aussi fortes et solides, nous n’en connaitrons que quelques-unes au cours de notre existence.

Je me remémore régulièrement la relation que pouvaient entretenir David et Jonathan (cfr. 1 Samuel 20), et je me dis souvent que c’est le plus bel exemple d’amitié que la Bible puisse nous offrir. Leur relation reposait à la fois sur une confiance mutuelle, une authenticité indubitable mais aussi sur une promesse incorruptible.

Ils se respectaient et s’aimaient sincèrement. Ils ne se cachaient rien, ils étaient transparents l’un envers l’autre, malgré les risques que cela pouvait engendrer, et l’Histoire nous relate assez bien les difficultés qu’ils ont dû surmonter.

Ils ne craignaient pas d’être vulnérable avec l’autre

Il ne s’agit pas là de deux jeunes amis qui partageaient de belles aventures, à la chasse ou lors de sorties entre potes dans les plaines d’Israël. Leur amitié était bien plus intense émotionnellement et plus profonde que ça.

Ils ne craignaient pas d’être vulnérable avec l’autre. David s’est prosterné devant Jonathan, il a toujours honoré son titre de Prince, quand bien même, Jonathan savait que David serait le prochain à s’asseoir sur le trône et à succéder à Saül comme prochain Roi d’Israël (1 Samuel 20.41). La loyauté était leur leitmotiv. Même face à la colère du roi Saül, Jonathan était prêt à risquer sa propre vie pour protéger David (1 Samuel 20.33).

Ils n’étaient pas seulement amis, ils étaient semblables à des frères. Leur relation reposait sur quelque chose de bien plus puissant. Ils avaient conclu une alliance, devant l’Éternel! Donc non seulement ils étaient tous deux fidèles et conscients de leur amour réciproque pour Dieu, mais, en plus, ils agissaient comme tel l’un envers l’autre. Quel exemple !

À l’ère du Wi-Fi, des réseaux sociaux, des cours en « distanciels » et où tout passe par le « Cyber-World », comment survivent, ou même, comment prennent vie les amitiés de la nouvelle jeunesse?

Aujourd’hui, nos cadets semblent davantage se préoccuper de leur nombre de « Followers » que de la solidité de ces nouvelles relations.

« Les réseaux sociaux, c’est la vie »

m’a-t-on dit un jour…

Cette génération ultra-connectée aurait-elle perdu le sens de l’amitié véritable?

Quelle importance le « FRIENDSHIP » occupe-t-il réellement dans leurs vies ? Les amitiés d’antan, où l’on se retrouvait sur le terrain de foot pendant des heures à discuter, à rire et à jouer, ont-elles encore leur place dans ce cyber espace?

J’ai le sentiment que quelque chose s’est perdu.

Revenons quelques décennies en arrière. La jeune génération s’étonnera d’apprendre que les premières plateformes d’interaction sociale sont apparues dans les années 90. Une innovation pour les nouveaux adeptes d’internet de l’époque. Que dis-je, ce fut une révolution dans le milieu de la communication et des liens sociaux. Friendster, LinkedIn, MSN, … De nouveaux outils mis à la disposition de tous pour conserver nos relations sociales par écrans interposés. Quelle bénédiction pour les familles éloignées, pour les cousins qui ne se voyaient que lors des grandes vacances, ou pour les grands-parents qui souhaitaient communiquer avec leurs petits-enfants vivants à l’autre bout du monde. Les concepteurs et programmeurs de l’époque avaient compris que l’homme avait besoin de plus d’interactions, de quelque chose d’innovant qui faciliterait sa vie sociale. Et ils avaient vu juste, mais sans doute n’avaient-ils pas imaginé, en tout cas pour l’époque, que cela viendrait prendre autant de place dans la vie des jeunes internautes.

Dans les années qui ont suivi, de nouveaux groupes, comme Facebook suivi d’Instagram et de Snapchat, se sont imposés dans le « Cyber-World » de manière équivoque et effrénée. Et ces réseaux, dont le but initial était de maintenir les amitiés, sont rapidement devenus de véritables fabricants de liens sociaux en se transformant en un nouveau lieu de rencontre. Soyons honnêtes, nous nous sommes tous prêtés au jeu, ajoutant à notre liste d’amis les uns et les autres : les cousins, le camarade de primaire perdu de vue, le nouveau collègue fraîchement embauché, son voisin ou même le barman du café d’à côté.

Tout le monde voulait et pouvait désormais devenir amis avec tout le monde. Tout devenait plus facile, un click, une simple invitation « veux-tu être mon ami ? » et hop! on devenait tous des « Amis ».

Affirmons-le, ce sont des moyens pratiques et faciles d’accès pour tous, qui peuvent vraiment nous aider à rester en contact les uns avec les autres. C’est avéré, c’est observé et c’est validé. L’apparition des réseaux sociaux a aisément encouragé le maintien des liens forts, c’est une évidence. Beaucoup d’utilisateurs ont affirmé utiliser une plateforme, telle que Facebook, dans le but de communiquer plus facilement avec leur amis et familles. D’autres racontent aussi comment ils ont pu reconnecter avec des personnes « perdus de vue », via ces plateformes. Et nous, nous devons de le reconnaître, certains de nos liens forts ont pu trouver un souffle nouveau grâce aux diverses messageries instantanées. Et je ne pense pas que ces géants d’Internet ont pu, ou sont, des freins pour des relations aux fondements solides. Bien au contraire ! Pourrait-on dire, qu’il s’agirait de renforçateurs à nos relations ?

Révolutionnaire, je vous le dis ! Et pourtant … Force est de constater que toute cette nouveauté est venue petit à petit faire de l’ombre à ce qui nous unissait auparavant et à tout ce qui y donnait un sens véritable. Rien de tout cela ne semble avoir de profondeur, ni même de base solide. Aujourd’hui, nos listes d’amis contiennent davantage de « connaissances » que de véritables amis. Certains d’entre eux, nous les avons croisés une fois ou deux par le biais du travail ou d’un groupe d’amis en commun, et ce dans le meilleur des cas. D’autres ne seront à jamais que des rencontres « virtuelles », ni vues, ni connues.

Au final, les connaissons-nous réellement?

Pourtant, nous partageons avec ces personnes-là les mêmes informations et photos que celles présentées à nos proches. Ils ont donc tous accès aux mêmes choses. Il ne semble plus y avoir d’exclusivité dans tout ça.

Et de la même manière, ces mêmes personnes vont également nous « influencer » au travers de ce qu’elles postent et partagent. Et qui sait ce à quoi nous seront exposés…

Ces personnes partagent-elles les mêmes valeurs d’amitié que moi ? Ces relations de liens faibles seront-elles bénéfiques à mon développement personnel, psychique, émotionnel et même spirituel ? Ne devrions-nous pas faire attention à nos fréquentations et l’impact qu’elles peuvent avoir sur notre vie, comme nous le rappellent si souvent les grands Sages de la Bible ?

Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.
1 Corinthiens 15.33

Celui qui fréquente les sages devient sage, mais celui qui se plaît avec les insensés s’en trouve mal.

Proverbes 13.20

Je ne m’assieds pas avec les méchants.

Psaumes 26.5

Toute cette réflexion peut paraître critique, voire un peu réduite à quelques aspects. Et je vous rassure, c’était le but recherché. Tout cela m’a amené à questionner les différents types de relations que je peux entretenir dans mon quotidien. Certains de mes amis les plus proches vivent à des milliers de kilomètres de chez moi, et les réseaux sociaux sont le meilleur moyen que nous avons à notre disposition pour entretenir et chérir ces relations. Je suis donc moi-même une fervente utilisatrice de tout ce « cyber-world ». Il n’y a pas de mal à tout ça et un total retour en arrière est impensable. Nous vivrons toujours parallèlement à cette évolution technologique et médiatique.

Mais je crois qu’il existe autre chose derrière ces écrans. Nous pouvons encore choisir de rencontrer cette dimension de l’amitié véritable aux profondeurs inexplicables et où la fondation est inébranlable.

Pouvons-nous simplement reconsidérer nos priorités sociales et regarder à ce qui a une réelle valeur ?